jeudi 19 avril 2012

C'est presque fini: A winged victory for the sullen au Café de la danse


Ça a commencé par le vide. Puis a suivi le silence.

Enfin, la salle était pas complètement vide en fait, mais il y avait peu de monde. Et le silence était très relatif aussi puisqu'il était travaillé par les morceaux de A Winged Victory for the Sullen... N'empêche que ce concert était assez particulier. Pour commencer il fait suite à une sorte de trilogie personnelle : le concert de Earth le 15/03, Sonic Boom le 14/04 et A Winged Victory for the Sullen, lundi 16/04. Soit trois des meilleures groupes d'ambient actuel. D'ailleurs, je ne sais pas si le terme ambient leur convient bien, drone peut être mieux... il faudrait surement leur préférer le terme de musique lente. Ou trouver une autre appellation. Sur wikipédia, ils proposent neo-classical/drone collective. Pas plus efficace...

A Winged Victory for the Sullen est composé de Dustin O'Halloran et d'Adam Wiltzie (moitiée de Stars of the Lid) et ils jouaient lundi soir au Café de la Danse accompagnés d'une violoncelliste et de deux violonistes. Tout comme les dernières compositions de Stars of the Lid, la musique de Winged Victory repose sur une construction, ou une opposition d’atmosphères, au silence. Des respirations. D'où surgissent les drones de Wiltzie et des instruments acoustiques : un piano, des cordes. Ces différentes vagues se contredisent, se complètent, s'appuient, les reverbs allongent les sons au dessus du vide. Le volume du concert est plutôt bas, ça aurait plu à Brian Eno : craquements du plancher de la salle, clic clic des appareils photos, claquement des potentiomètres des consoles de mixages, gobelets en plastiques qui se posent, vides. Et la musique apparaît ou disparaît dans ces interstices, se fait feutrée ou délicate, parfois forte... quelquefois menaçante. Les corps des musiciens se synchronisent, Dustin et Adam se font face à l'extrême gauche et droite de la scène, se cherchent du regard puis le signal passé, abaissent lentement leurs mains sur leur clavier ou leur guitare. Lentement, Adam bloque de sa main droite la résonance des cordes avant de changer d'accord ; il ne faut pas réveiller les démons électriques. Les deux violons et le violoncelle sont disposés en triangle, au centre de la scène : le violoncelle nous fait face et les deux violons sont de profils. La violoniste de droite elle aussi participe de ce ballet : elle sert ses genoux, tend ses jambes sur la pointe des pieds, sa robe à poix frôle légèrement ses fesses et son corps tendu sur le rebord de la chaise, presque en équilibre. Les archers glissent et se balancent en rythme, au milieu des ondines.

Wiltzie, lui, semble mal à l'aise, ou contrarié, et il nous tournera progressivement le dos. Comme sa musique il semble aussi parfois s’effacer, avant de réapparaître, plus droit, plus frontal. Au trois quart du set, alors que la salle est plutôt réceptive, il se penche vers le micro et : "C'est presque fini", nous dit il, dans une expression un peu maladroite, comme si ça allait être une délivrance pour nous. La salle sourit, nous on attendait plutôt les prolongations... Peut être interprète t'il mal notre réaction, peut être se parlait-il à haute voix, comme pour se rassurer, quoiqu'il en soit il quittera rapidement la scène dès les dernières notes dispersées. Retour au silence.

On sort, le vigile ferme le store métallique presque immédiatement derrière nous. Il me semble que les rues sont plus bruyantes que d'habitude...


*Ce ne sont pas les vidéos du Café de la Danse. Cette vidéo à été tournée pendant le festival Unsound 2011 à la Synagogue de Cracovie (Pologne).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire