dimanche 30 octobre 2011
Onde islandaise 08 : We kiss our quartz, Bjork, Biophilia Performance à l'Harpa Concert Hall
Le lieu est magnifique, noir glacé. L'Harpa de Reykjavík est un auditorium à l'architecture fascinante, composé de structures régulières par endroit, irrégulières à d'autres, posé entre ville et mer. On entre dans une pierre de lave fantasmée, un cristal de basalte*. La chute parfaite de notre séjour.
Like a virus needs a body and soft tissue feeds on blood / Someday I'll find you
Nous nous installons. Nous sommes au 3e rang, la scène est petite et centrale. Devant nous, il y a des écrans géants, et une potence en bois avec quatre grands balancier à ma droite. Un instrument entre sculpture et efficience. J'aperçois aussi un clavecin à gauche, et au fond, un ensemble de percussion et un ensemble électronique. On entend des instrumentaux de Bjork en fond sonore : un son d'orgue qui donne un air un peu solennel à l'ensemble (un peu musique d'ascenseur aussi...)
As the lukewarm hands of the gods
Came down and gently picked my adrenalin pearls
Placed them in their mouths and rinsed all the fear out
Nourished them with their saliva
Biophilia commence. 24 jeunes filles entrent en scène, habillées dans des capes bleues et or. Bjork les rejoint. Matthew Herbert est aux percussions. La voix enregistrée du naturaliste Sir David Attenborough introduit le concert et assure les transitions entre les morceaux. Moon. Lunar cycles. Sequences.
All my body parts are one as lightning hits my spine
Il y a quelque chose d'instinctif dans la voix de Bjork, des placements de voix et un rythme intérieur fascinant mais le show de ce soir sent aussi le travail et la sueur. Beaucoup plus que la moyenne de concerts auxquels j'assiste habituellement. J'ai un temps d'adaptation... Il y a les choristes, entre 16 et 18 ans et l'une d'elle bute lors d'une rotation entre deux mises en place, c'est peut être un traumatisme pour elle mais moi, ça me rassure. Ça apporte quelque chose d'humain, d'accessible. Ça me protége du transformateur de Tesla qui descend du plafond juste devant nous. Un synthétiseur ancestral, utilisant le bruit des éclairs en cage. L'acoustique de la salle est d'ailleurs parfaite, entre le choeur, la voix de Bjork, les instruments amplifiés et le transformateur Tesla qui rugit devant nous en produisant un mélange de son naturels (?) et artificiels (?) particulièrement réussis. Comme la robe Iris Van Herpen qui ondule au centre de la scène sur le corps de Bjork.
My name isobel married to myself
Je me rappelle un compte rendu des inrocks lors de la sortie d'Homogenic (1997). Je me souviens de l'angle choisi par le journaliste, reliant l'album à l’Islande précisant qu'Homogenic ne pouvait venir que de là, les cordes étant le vent, les rythmes les volcans, et je ne sais plus quoi, j'sais plus quoi. J'avais trouvé cela un peu ridicule. Enfermé dans ma pierre de lave, ça n'est peut être plus aussi faux : il y a effectivement une particularité du climat, de l'endroit et donc des personnes. Il y a une particularité Bjork. Le fait peut être qu'elle est une des dernière artiste pop expérimentale, cumulant succès et estime et proposant un spectacle total. C'est une incroyable interprète, jusqu'au mime, comme ce que je m'imagine de Bowie ou de Brel. On voit parfois le grain de son épais fond de teint dans la lumière blanche, sous son immense perruque orange. Elle possède une voix anormale, femme et enfant, violente et troublée, travaillée à devenir instinctive, comme un uppercut en plein menton, sans savoir d'où il vient. Ni de celui qui l'a projeté ni de celui qui l'a encaissé...
A million year old fossil I send to you. This comes from my family And the ancient sea.
Je repense à sa collaboration avec Will Oldham (au début de Drawing Restraint 9) et je ne sais toujours pas comment aborder ce concert et je ne sais même pas si je l'ai aimé. Ça a été autre, hors de ma compréhension immédiate... En fait, il faut peut être que j’arrête de rationnaliser ; que je ressente plus, que j'ouvre mes nerfs, mon écorché.
Dehors le vent est fort. Au coeur de l'Harpa, de ce cristal de basalte noir, les néons s'allument et palpitent. Nous à l'unisson. With our hearts / We kiss our quartz / To reach love. C'est peut être juste ça...
*(Copenhagen studio Henning Larsen Architects and Icelandic studio Batteriid Architects have completed a concert hall and conference centre in Reykjavík, Iceland, in collaboration with artist Olafur Eliasson. La suite ici)
Libellés :
Iceland Airwaves 2011,
live
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