Au début j'étais en avance. Enfin pas vraiment. P. devait me retrouver à 19h mais il aura une demi-heure de retard. J'ai donc commandé une bière avant de m'assoir en face du gigantesque dessin que je crois fait par Miss Van mais qui n'est pas d'elle : une jeune fille très sensuelle est allongée dans un salon couvert de champignons aux trompes entrouvertes. Des volutes noires foncent le haut du dessin.
"Désolé pour le retard", P. vient d'arriver et après un hamburger rapidement avalé nous entrons dans la salle. Le groupe n'est pas encore sur scène et nous patientons une dizaine de minutes avant que les lumières s'éteignent. High Priest, M. Sayyid et Earl Blaize s'installent derrière leurs machines. Beans n'est pas là. Earl Blaize lance une série de rythmiques métronomiques malades, M Sayyid décale ses breaks et High Priest tente de rejoindre leurs tempos. Phénomènes asynchrones.
Mais maintenant, on voit des gouttes de sueurs qui tombent en continu de la casquette de High Priest, et les sonorités bancales sont devenues d'incroyables constructions rythmiques. Les gens passent contre moi pour aller au bar, "excusez moi" puis reviennent les mains chargées de bières "excusez moi". Le ballet mécanique s'installe. 1 rappel. 2 rappel. 1h30 plus tard le concert s'achève et je suis heureux : pour la première fois depuis longtemps mon temps et ma vitesse intérieure ont rejoint l'unité de temps commune.
Je suis enfin en 2010.
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