dimanche 30 mai 2010
Coucher de soleil sonique : Lee Ranaldo à la Fondation Cartier
La lumière baisse doucement sur la Fondation Cartier. Il a fait plutôt chaud aujourd'hui. Tout le monde se rassemble tranquillement et quand j'arrive à l'arrière du bâtiment, Lee Ranaldo est déjà en place. Sa guitare est pendue à une grande potence métallique et à sa droite est installé un percussionniste. Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur la centaine de personnes qui se trouvent là, je remarque deux guitaristes assis sur les extrémités des gradins.
Lee Ranaldo commence à jouer avec un archet sur sa guitare pendue, puis il la fait se balancer doucement. Un premier drone se fait entendre, soutenu par des percussions bruitistes. La guitare oscille, le drone se poursuit puis s'éteint lentement ; Lee se déplace vers le public qui commence à crier des bribes de textes en anglais. Il entre dans la petite foule, sort ses lunettes et commence lui aussi à lire. Plusieurs personnes passent parmi nous et donnent à ceux qui veulent de petits textes imprimés. Les lecteurs se déplacent un peu, crient leurs phrases, s'arrêtent et reprennent leur déambulation.
Lee est de retour sous la potence et démarre une autre série de longues notes, soutenus par les deux autres guitaristes. On reconnait les sonorités distordues de Sonic Youth, mais sans leur coté pop le plus récent, Lee prend son temps. Le drone monte, s'étire et se fait plus intense. Les gens se déplacent dans l'axe de la stéreo, certains se bouchent les oreilles, certains partent mais la plupart reste absorbée dans la lumière déclinante de ce lundi soir. Lee sort une boite à larsen, reprend par intermittence sa lecture puis revient à son drone, décroche sa guitare et la racle au sol ou sur la poutre métallique, mais sans violence, calmement, construisant progressivement sa mélopée.
Dans la fumée de cigarette de mon voisin, je repense à la VHS de la tournée Sonic Youth / Nirvana : 1991 The year that punk broke que je regardais en boucle sur la TV familiale ; au livre Sonic Youth, Chaos imminent que j'ai presque appris par cœur et à l'ouragan sonique généré par un live de Keiji Haino en 1996...
Quelques minutes plus tard le concert se termine, tout le monde se disperse et je rentre chez moi dans la douce chaleur de cette fin journée. C'est mon plus beau coucher de soleil sonique depuis 14 ans.
Le début du concert :
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