mercredi 24 octobre 2012

We are the ones : The Coup à Mains d'Oeuvres


T. vient d'arriver chez moi. On s'installe autour de la table, la fenêtre est grande ouverte, il fait chaud ce mardi d'octobre. Je verse une petite ration de crémant éventé de la veille dans deux pintes de Guinness et allume ma première clope de la journée. J'aurai dû me douter que la soirée n'allait pas être ordinaire.

Une heure plus tard on se glisse une autre bière dans la poche et on est dans la rue direction Mains d'Oeuvres. Devant, on retrouve D. qui vient d'arriver. On se reprend des bières et on fume quelques clopes dans  le couloir le fumoir de Mains d'Oeuvres. On entend la première partie de l'autre coté de la porte noire qui fait la jonction entre le fumoir et la salle de concert. C'est très oldschool, pas déplaisant d'où l'on est. La conversation déroule. "...Oh putain Sydney ! H I P... H O P... j'ai revu l'émission sur youtube, y'avait Joey Starr et Vincent Cassel - ils ont à peine 15 ans - et break derrière lui... Sydney c'était mon idole... Je t'assure, j'ai essayé d'apprendre à scratcher en découpant des vinyles de Claude François... non les repères au scotch c'est pour les fiottes... à la campagne on scratchait en découpant les vinyles aux ciseaux... et la platine était pas débrayable... avec mon cousin on a niqué deux saphirs et la courroie comme ça... et les Magnolias... ma tante voulait nous tuer"...

Une tête passe par la porte de la salle : "Ça commence!". Après un court interlude musical sous forme d'un croisement contre nature à base de Hip Hop et de solo de synthé yamaha en mode Charlie Oleg joué par un type à chemise à carreaux bleu et rouge et jeans large et quelques bières de plus, le concert de The Coup va réellement commencer. Je ne sais pas trop ce que j'en attends. J'ai beaucoup aimé Pick A Bigger Weapon, que j'ai découvert dans Combat Rap de Thomas Blondeau et Fred Hanak (une des moitié de dDamage)

Puis un morceau d'intro énervé mélangeant Farfisa - Fuzz - Garage rock et Hip Hop et les vibrations qui montent du sol brouillent mes cartes neurales et débranchent mon cerveau. D'un coup, comme ça. Clac. Je n'aurai pas dû aimer ce concert, mais mes pieds bougent tout seuls dans mes chaussures noires. qui auraient dues être rouge, mais j'emmerde le rouge et j'emmerde les chaussures de Bowie et sa façon de danser le blues. j'emmerde aussi le garage. et ce putain de Farfisa. j'emmerde le funk et j'emmerde le Parliament. j'emmerde Rage Against The Machine, le rétro futurisme de Blackroc et le Street Sweeper Social Club de Boots Riley et Tom Morello. j'emmerde les putains de solos de batterie du putain de batteur. j'emmerde encore cette saloperie de farfisa, et les solos à la wah-fuzz. j'emmerde Hendrix et Sly & The Family Stone. j'emmerde Bootsy Collins et j'emmerde le bassiste qui fait une pirouette sur une main en continuant sa ligne de basse. j'emmerde les sets trop parfait, sans aucun temps morts et sans aucunes fausses notes. j'emmerde la salle surchauffée et le public qui bouge à l'unisson. j'emmerde Silk-E, la chanteuse, et j'emmerde Tina Turner. j'emmerde le flot parfait de Boots Riley et j'emmerde ce putain de concert... et surtout, par dessus tout j'emmerde tous mes préjugés, mes souvenirs et mes références, j'emmerde mes recoupements, mes liaisons, mes parallèles et ce que je crois être de la bonne musique. d'ailleurs j'emmerde l'histoire de la musique et j'emmerde ce compte rendu de concert...je sue et je bouge mon boule comme ça ne m'étais pas arrivé depuis longtemps... je sue et j'aime ce putain de concert. j'aime tout. j'aime même les deux morceaux un peu moins bons au trois quart du set. j'aime Boots Riley et j'aime Silk-E, ses effets de voix et ses trémolos. j'aime les solos de basse, les solos de guitare, les solos de batterie... j'aime même la présentation des musiciens et je crie à la fin de chaque morceaux.

A la fin du concert, je serre la main à Boots Riley quand il traverse la salle, et se dirige -hagard- dans ma direction à la recherche du grand type derrière moi pour lui donner une accolade. Hier soir, j'ai bougé mon cul et mon esprit a suivi.



Lire une interview de Boots Riley ici et aller sur le soundcloud du label anti- ici

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