mardi 3 juillet 2012
Cameron Stallones is God (partie 1) : Sun Araw au Batofar
Oui je sais, auparavant c'était officiellement Eric Clapton qui tenait ce rôle, d'après Guitare Part Mag du moins, parce que moi je me rappellerai plutôt Eric en train de jouer Layla dans le MTV Unplugged et là, ça ressemblait pas vraiment à l'idée que l'on se fait d'une divinité païenne, ni d'une mélodie divine d'ailleurs. Quoiqu'il en soit, revenons à Cameron Stallones et à Sun Araw qui jouait Jeudi dernier au Batofar. Ça a été tout simplement le meilleur concert de l'année. Et je vais essayer de mettre ça en perspective avec Ben Frost qui jouait lui Samedi à La Gaité Lyrique et qui nous a livré le concert le plus merdique de l'année, et dans les grandes largeurs encore. Mais nous y reviendrons dans Ben Frost est un con, la seconde partie de cet article. Pour commencer, embarquons avec Sun Araw et le captain' Cameron.
Sur le ticket, il y avait marqué Sun Araw + Guests, le 28/06, 19h30 au Batofar. Coté Batofar, ça m'a fait réellement plaisir de revenir sur le bateau rouge amarré en face des quatre grands livres ouverts de la bibliothèque F.Mitterand. Je me souviens encore du concert de Stars of the Lid en 2002 ou du concert de Colleen avec sa machine à bulle qui crachait une petite flaque savonneuse à ses pieds - un peu gênée, elle donnait là son premier concert - puis du dérapage dans la programmation musicale du Batofar quelques années plus tard (lié au départ de l'association Büro ?) pour s'enfoncer dans une House bien dégoulinante...
Du coté des Guests annoncés, là, c'est plus compliqué, parce que les guests, ça a faillit être nous : la salle de concert est restée déserte jusqu'à 20h30 avant de se remplir, très modestement, d'une trentaine de personnes peu avant le début du concert à 20h45. On était pas à l'étroit dans la soute, mais vu le niveau de remplissage du navire, les fameux Guests ont dû rester chez eux. C'est dommage parce que l'on était aussi venu pour les Congos. Il n'y a pas eu de première partie non plus, ni de rappel et c'était très bien comme ça : on n'a pas systématiquement besoin de groupes balancés un peu par hasard avant les groupes que l'on est venu voir, à qui l'on inflige une sonorisation dégueu afin de bien hiérarchiser l'aspirant artiste et la tête d'affiche, ni d'un public confondant concert et fond sonore de la fête de la bière (et je m'inclue parfois dans la liste de ces joyeux gaulois), ni de rappels convenus, à rallonges : la perfection musicale s'étend rarement au delà de 45min.
Et ce soir là, la perfection musicale eut lieu. Je vous livre mes impressions, griffonnée à la hâte dans le métro du retour :
"Les Sun Araw sont embarqués sur le bateau rouge, le bateau phare, Row fisherman row. Mais sans les Congos Keep them rowing their boat. Sans grand monde non plus d'ailleurs... à peine 30, mais l'ambience est bonne, détendue. On m'a même offert une clope, des filles de Rennes.
L'odeur de poisson frit, d'huile de cuisine circule dans la soute, pulsé par les ventilateurs géants. Il fait chaud. Un air de vacances, sur la Seine, en attendant le fleuve Congo.
Un concert parfait, comme rarement, comme Stars of the Lid au Batofar, comme Colleen et sa machine à bulle. Ça faisait au moins 10 ans que je n'étais pas venu au Batofar. Pas mal de changements - les Before de banquiers qui sont apparues entre autres - mais malheureusement toujours aussi peu de monde aux concerts. Un concert magnifique pourtant, comme Mouse on Mars à l'Usine à Dijon en 1999. D'ailleurs certaines sonorités de Sun Araw, les basses, le funk expérimental, le reggae déviant, ne sont pas loin de Mouse on Mars, époque Niun Niggung. Cameron Stallones hurle dans sa reverb, bloque trois accords funky, noyé de reverb. C'est Prince, le nouveau Prince, le Love Symbol, The Artist, le seul, l'unique. Le nain de Minneapolis est trop vieux pour tout cela.
Pour quelques années, pour un album, pour deux cassettes, Cameron Stallones est Dieu. Le dieu de la musique indensable mais qui chatouille les orteils, le dieu de la musique chaloupée - j'ai d'ailleurs cru pendant un bref instant que je pouvais faire rouler le bateau, en me balançant de droite à gauche sur mes pieds. Malgré une journée désastreuse, j'ai pissé des gouttes d'or dans l'urinoir en inox."
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