Interview : Electronicat

Nous nous sommes croisé plusieurs fois avec Electronicat : au Festival Musiques Ultimes à Nevers (en 1997 je crois), au Festival Obliques LU Night en 2001 à Nantes, et dans des caves au décor SM à Paris (en tout bien, tout honneur, bien entendu...) lors d'un DJ set de Oil 10, aux alentours de 2002. Les performances live d'Electronicat nous ont toujours fait une grosse impression : puissance des pieds dancefloor et saturations rock'n'rolliennes et j'aurai pu développer quelques mots à ce sujet, mais curieusement quand je repense à Electronicat, ce qui me reviens immédiatement en mémoire, c'est une soirée d'after du festival obliques de 2001, dans un petit bar de Nantes.

Nous avions déjà pour la plupart bien arrosé la fin de journée et nous nous retrouvions en petit comité pour commencer la nuit. Je crois qu'il y avait une partie du label a-musik, et nous étions assis à côté de Fred Bigot. Et Fred a commencé à nous parler de sa fascination pour "Paranoïd" de Black Sabbath... Maintenant ça parait assez banal de passer constamment d'un style à l'autre, mais à ce moment là, en pleine suprématie des labels WARP avec Autechre, Aphex Twin et Squarepusher ; Sub Rosa avec Bill Laswell, Scanner, Bisk et David Shea ; Mego avec Fennesz, Pita et Radian ; a-musik avec Mouse on Mars, Oval, Microstoria et FX Randomiz, c'est à dire en pleine musique geek, c’était assez rare de croiser quelqu'un qui vous disait que tout cela c'était de la blague par rapport aux trois notes du riff de "Paranoïd". En 1998, Pan Sonic & Vega (VVV) viennent de sortir Endless ; en 2000 Electronicat sort Shuffle Tiiiime sur l'album So I love you puis Let's ffffly sur son EP Cat-a-tac ; et en 2002 Add N to (X) cite Electronicat dans le morceau d'intro de l'album Loud Like Nature : on va pouvoir remélanger le rock et l'électronique dansante. D'ailleurs Martin Gore, de Depeche Mode, l'intégrera dans son DJ set pour Mute en 2001 et Jarvis Cocker dans sa compil' éclectique de 2006 : The Trip.

Ah au fait Fred, je crois qu'on te doit toujours une bière...


1. Votre 1er souvenir musical ?
J'ai grandi avec la musique de mes grands frères. Je me souviens des 45 tours, Black Sabbath "Paranoid", Suzi Quatro "Can the can", aussi Martin Circus "Je m'eclate au Sénégal", surtout le début du morceau avec des sons de percussion de casseroles et la fin, assez étrange, freaky. Tout ces morceaux ont un certain "grain" de son.

2. Le meilleur disque que l’on vous ait ofert ? Le pire ?
Le meilleur, c'est difficile à dire, disons le dernier c'est un 25cm de "Mount Vernon Arts Lab", un musicien écossais. Les morceaux sont géniaux, très courts.

Le pire, je ne vois pas. Tous les disques qu'on m'a offert, même les pires ont sans doute un certain intérêt...

3. Le 1er disque que vous ayez perdu ?
Je crois bien que c'est le 45 de Black Sabbath - Paranoid. Je l'ai hérité d'un de mes frères et l'ai probablement perdu a un set de DJ. J'ai toujours la pochette... vide malheureusement.

4. Votre nom de groupe de musique imaginaire ?
Marry Coeur

5. A quel moment aimez-vous faire de la musique ?
J'aime travailler dans mon studio sous les toits. A quel moment, ça dépend des jours. Ces dernières années je travaille plutôt la journée. Je me souviens d'avoir enregistré des choses tard la nuit aussi dans des états seconds, ce qui était parfois productif.

6. A quoi ressemblera la musique dans 50 ans ? dans 5000 ans ?
Comment se projeter 5000 ans en avant? J'ai déjà du mal à le faire pour une semaine. Disons que le concept du temps sera peut être différent et du coup le mot musique, si il existe encore, ne signifiera plus la même chose.

Dans 50 ans? J'aimerai que la musique soit brute, sauvage et primitive, mêlées aux sciences et technologies du futur...

7. Quelle a été la rencontre capitale de votre vie ?
La personne avec qui j'ai monté mon premier groupe à définitivement changé ma vie. J'ai arrêté mes études et décidé de ne faire que de la musique. C’était en 1988.

8. Quel album n’aurait jamais dû exister ?
Tout disque a une raison d'exister en quelque sorte, c'est toujours une marque de l’époque un "record". Après, suivant mes goûts, il y a pas mal de choses dont je peux me passer.

9. L’album idéal pour l’apéro ?
Les Charlots "L’apérobic". Blague à part, T.Rex "The Slider".

10. Votre featuring rêvé ?
Ringo Starr.

11. Le disque dont vous avez peur ?
Quand j’étais môme, l'intro de "L'avenir du futur", le morceau de Tangerine Dream sur l'album "Rubicon" me terrorisait. Leur B.O. de "The Sorcerer" de Friedkin donne le malaise. C'est à la fois déprimant et hanté, comme le film.

12. Le disque que vous aimeriez écouter ?
Un truc vraiment nouveau, et avec de la guitare électrique. Une idée?

13. Le film qui vous donne envie de faire la musique ?
Récemment c'est surtout les séries TV qui me donnent des envies. Dans "Battle Star Gallactica", le son des Cylons, par exemple.

14. Le morceau méconnu que tout le monde devrait connaître ?
"Indicateur ou dragueur" de Nini Raviolette.

15. L’album ou l’artiste que vous n’aimeriez pas être ?
Il y a beaucoup de variété française qui est affreuse. Je n'aimerai pas être Nana Mouskouri.

16. La reprise que vous aimeriez faire ?
Martha and the Vandellas "Dancing in the street"

17. Le mashup que vous aimeriez faire ?
Choisir deux disques au hasard dans une collection et les mixer spontanément.

18. Le texte que vous aimeriez mettre en musique ?
Quelque chose connecté au voyage, comme Huckleberry Finn ou My Life in the Bush of Ghost.

19. Avez vous déjà eu des hallucinations auditives ?
J'entend des notes "fantômes" au concerts de type noise, électronique, quand les fréquences se frottent et en créent de nouvelles, aléatoirement, dans le temps du moins. J'ai entendu des choses étranges parfois avec des drogues...

20. Comment aimeriez vous mourir ?
Dans mon sommeil, dans longtemps.





Acheter The Enjoyment of Fear sur NoSchoolToday, aller sur le facebook et sur le soundcloud d'Electronicat.