dimanche 6 novembre 2011

Plaisirs coupables : Katerine, Francis et ses peintres à la Gaité Lyrique.


Si vous avez déjà croisé un collègue de travail au rayon lingerie féminine, alors que vous êtes en train d'admirer le point ajouré oblique d'une culotte en dentelle, vous avez à peu près une idée de la situation dans laquelle je me suis trouvé quand je me suis extrait de la foule du bar de la Gaité Lyrique juste avant le concert de Katerine, et que je me suis retrouvé nez à nez avec M. RocketsFallOnRockets :
- ben kesstu fais là ?
- salut, ben euh... et toi ?
- haha c'est drôle que l'on se retrouve là...
- ...
- t'aurais pu' me dire que tu venais, on se serait calé...
- ben euh je me suis décidé à la dernière minute... j'savais pas trop si je venais ou pas et finalement jsuis venu.
- ... c'est commencé tu crois ?
- nan je pense pas... A la tienne.
- ouais, santé... haha.

Donc Katerine et Francis et ses peintres jouaient ce mardi 25/11, à la Gaité Lyrique dans une prestation un peu spéciale : la reprise de tubes de variété à la sauce Katerine. 52 reprises dans l'espace, qu'il appelle ça... un vrai mélange de peur et d'excitation.

Ces retournements de versions, parfois légèrement contre nature, ont quelque chose de fascinant, un plaisir coupable comme Richard Cheese en veste léopard reprenant Longview de Green Day ; comme Serge Gainsbourg arborant la swastika (Enfilez vos bas noirs, les gars / Ajustez bien vos accroch'bas / Vos port'jarr'tell's et vos corsets) ; comme une compil' de Wesley Willis écoutée en boucle en sirotant des bières toute la nuit ; comme de serrer la main de Pierre Carré à 3h16 du mat' au Noctambule ou comme une soirée Partouze & buffet campagnard à volonté (35 euros/personne). (Enfin pour celle là, je me projette bien entendu...)

Dans ce genre de soirée entre initiés, "c'est pas secret, c'est discret", l'orchestre est joliment habillé, portant moustache, et la playlist, largement ouverte. Celle des Peintres est exemplaire, les plats raffinés côtoient les cubi de rosé et les champagnes millésimés : C'est lundiLa boite de Jazz, Le coup de folie, ("nous avons tous proposé des morceaux, moi peut être un peu plus...", intervient Katerine), Partir un jour, Sentimale moi, Confidence pour confidence... Je pense à toi, Ma benz, Sous le vent,... Papayou... Bref, les chandeliers baroques, les loups noirs et le fromage de tête sont de la partie.

Et pour qu'une soirée de ce type soit réussie, le lieu doit aussi être à la hauteur : on se retrouve à Vienne dans les loges fermées de l’opéra, dans les suites du Carlyle Hotel ou à Planète Magique à Paris. Cet ancien parc d'attraction placé sous le haut patronage de Jean Chalopin (Ulyssse 31, Inspecteur Gadget, Les mystérieuses cités d'or, Les Minipouss', Pole position...) sera logé en plein Paris, dans un bloc d'immeuble évidé en 1989 avec l'autorisation de Jacques Chirac, détruisant au passage le théatre installé ici depuis le 18e s., et restera ouvert quelques semaines seulement avant fermeture administrative. Du pur caviar d'aubergine... Quelques dizaines d'années plus tard, le lieu sera reconverti en espace d'art multimédia confidentiel puis en très hype et officiel "lieu dédié à la culture digitale" : La Gaité Lyrique.

Et donc Katerine sur scène, au centre du cube doré, sous une douche de lumière ; peut être à l'endroit ou se dressait le monorail d'Ulysse 31. Il s'empare d'un saxo et retourne Michel (Jonasz), après l'avoir chauffé avec James (Chance), en plein milieu de La Boite de Jazz. Le solo free jazz est imparable. Au fur et à mesure. Sa version de "Salut à toi" des bérus aussi.

Son pot pourri bien fourni, la Banane en avant, sera joué jusqu'à satisfaction complète du client et la soirée se terminera dans une bienveillante décadence, le Papayou un peu mou... Et si tu crois que j'ai eu peur / C'est faux / Je donne des vacances à mon cœur / Un peu de repos... J'ai trouvé mon étoile / Je l'ai suivie un instant.


Ecouter Katerine, 52 reprises dans l'espace sur spotify.


Photos par lionelofparis. Le tableau Napoléo-Ulyssien était présent dans le hall d'entrée de Planète Magique, l'actuel hall d'entrée de la Gaité Lyrique. Je me demande qui l'a peint et qui l'a récupéré ? Vous voyez Télémaque en bas du tableau ?

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