mercredi 6 juillet 2011

Cette nuit je dors dans les ruines : Tinariwen au Théâtre des Bouffes du Nord



Acte 1 : Fragments*
Devant le théâtre des Bouffes du Nord, un blogger traverse la rue et se pose dans le petit troquet en face. Il n'y a pas de place en terrasse, il boira donc sa bière debout dans la rue, adossé au café et fumera deux cigarettes en regardant les extérieurs du théâtre. 

"Il n'y a personne, je suppose ?" un homme, regardant la table vide, sans chaises autour.
Il pose sa bière sur la table et commence à fumer à coté du blogger.

Le blogger remarque deux touaregs (en habits traditionnels ?) en train de parler avec d'autres personnes devant le théâtre. Il traverse la rue, s'approche et croise un petit homme frisé d'une cinquantaine d'année avec une moustache, qui tente de faire un grand écart pour épater une amie africaine. Il est en déséquilibre et parait surexcité : "J'ai bu plein de bières faut que j'aille pisser, moi".


Acte 2 : Je suis un phénomène*
Dans le théâtre des Bouffes du Nord, le blogger s'installe sur l'aile droite du théâtre. Il est subjugué par le lieu et appuie son épaule sur le poteau présent à sa gauche. Il apprendra plus tard que le theatre a fermé en 1914, est tombé en ruine et à été repris et figé dans sa chute par Peter Brook en 1974.

Des lumières remontent le long des murs vernis en ruines. Des coussins sont disposés sur le sol devant le premier rang. Des tapis, des guitares acoustiques et électriques, un plafond de métal ? L'arrivée du petit homme frisé avec moustache précédemment croisé dans la rue tire le blogger de sa rêverie. Le petit homme s'installe, avec son amie africaine, juste devant lui.

Un homme habillé en noir (t-shirt, pantalon) parle avec un autre homme habillé en noir (t-shirt, pantalon). Le petit homme frisé avec moustache entend la conversation :
"Vous allez installer une caméra là ? Mais vous allez rien voir... ou alors mon dos, j'vais danser moi (sourire).
- Vous pouvez pas, on va mettre la caméra juste là, pour vous faire un joli reportage, soyez sympa, on bosse...
- Et ben pas moi (sourire), j'suis venu au spectacle pour m'éclater moi, j'fais ce que je veux, j'suis libre moi.
- ..."


Acte 3 : La Conférence des oiseaux*
Après un début difficile dans une salle chauffée comme un Club Med', tous les hommes et femmes libres ("j'fais ce que je veux, j'suis libre moi") ayant poussé dans leur derniers retranchements les hommes en noirs (t-shirt, pantalon) et ayant un peu arrêté de marquer les rythmes en tapant dans leurs mains n'importe quand ("j'fais ce que je veux, j'suis libre moi"), le blogger arrive enfin à entrer dans le concert et la musique de Tinariwen. Et c'est très beau. Fragile comme quelques cordres de guitares grattées du bout des ongles sur des notes répétitives, mélancolique comme un chant inconnu mais que l'on reconnait à l'homme qui le chante. Il n'y aura pas d'issue, alors profitons de la nuit.


Epilogue :
Dans les ruines
Ces traces qui pleurent les souvenirs
Je me rappelle
Et je m'installe très loin
Dans la nostalgie
La tête posée sur un coussin de soucis
Cette nuit je dors dans les ruines
De mon passé je suis les traces**



Je n'ai pas trouvé de vidéo du concert aux Bouffes du Nord, si vous en avez n'hésitez pas à nous les transmettre...


*Les titres des actes 1, 2 & 3 sont des titres de pièces de Peter Brook.
** Tinariwen - Ténéré Daféo Nikchan

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