samedi 26 février 2011

Ingénue : The Vaselines à Mains d'Oeuvres, Mo'Fo 2011


Je n'avais jamais complètement compris toute l'influence qu'avait eu les Vaselines sur Kurt Cobain. Il y a d'abord les reprises parues sur Incesticide : Son Of A Gun et Molly’s Lips. Il y a eu aussi la réadaptation de leur Jesus Wants Me For A Sunbeam en Jesus Doesn't Want Me For A Sunbeam sur l'Unplugged de Nirvana. Puis il y a le prénom de la fille de Cobain, Frances Bean Cobain, repris de Frances McKee (la moitié féminine des Vaselines, Eugene Kelly composant l'autre moitié, la masculine). Et le fait que Cobain les ai fait connaitre en proclamant que les Vaselines étaient son groupe pop préféré et provocant leur reformation en 1990 - ils avaient splitté en 1989 - pour faire la première partie de Nirvana à Édimbourg. Une intrication complexe donc.

Le 29 janvier dernier, comme beaucoup d'autre personnes, j'ai voulu me rendre compte par moi même. Après avoir assisté à la fin de l'excellent concert d'Etienne Jaumet, et avoir jeté un coup d'oeil sur l'écran géant, je vois les Vaselines entrer en scène. Un changement de salle rapide, une bière et je suis prêt à me concentrer sur le concert.

Pendant le premier morceau le son est atroce, un larsen couvrant les voix. Le groupe enchaine les morceaux attendus, avec des réactions du public attendues. Le son s'améliore. You want Molly's Lips ? OK, done. Next one. Je me souviens de Cobain jouant l'intro de Smell Like Teen Spirit, provocant une hystérie collective dans le public, avant de planter l'ensemble au début du premier couplet. Larsens, cris, Novoselic prenant la parole : "We're gonna skip this one...".

A ce moment précis je me dis que les Vaselines ne sont qu'un groupe de musiciens cachetonneurs, ramassant le pognon lors de reformations opportunistes. Puis ils jouent Son of a Gun et là je vois une sorte de backing band d'Elvis Cobain, portant leur fardeau, comme ces groupes des années 60 qui tournent toujours 40 ans après sur le succès d'une seule chanson, et quoiqu'ils fassent de nouveau, d'intéressant ou non, les gens ne veulent qu'une seule chose, leur tube, celui qui les replonge dans cet instant en suspend de leur jeunesse ou de leur vie idyllique. Je me rappelle le visage de Cobain dans une vidéo, il sourit, il à l'air presque sympathique et d'un seul coup son sourire s'effondre, il a un air cynique ou tragique.

Sur scène, tout s'articule autour du couple Frances / Eugene que je ne sais pas séparés ou non. En tout cas ils ont vécu longtemps ensemble, les corps ne mentent pas. Frances McKee est une vraie ingénue, comme une France Gall chantant les Sucettes à l'anis, vous regardant avec une intensité au fond des yeux et un petit sourire qui vous fait comprendre que finalement c'est elle qui a suggéré le texte à Gainsourg. Elle a une voix de femme enfant, presque fausse, mais d'une fausseté travaillée aux intonations naturellement artificielles, comme celle de J Mascis ou de Johnny Rotten. Eugene lui est élégant, contenu et joue parfois quelque chose qui préfigure les anti-solos de Cobain, au milieu de leurs compositions pop.

Une fois toutes les reprises de Nirvana joués, ce qui a été fait en moins de temps qu'il ne le faut pour le décrire, on sent le groupe comme libéré, débarrassé d'un poids ou d'un devoir qu'il fallait accomplir. Les morceaux suivants, ceux du nouvel album Sex With an X, sont joués de manière plus incarnée, plus intense.

Puis on arrive au rappel et les Vaselines jouent You're think you're a man. Tu te crois un homme ? nous dit la femme enfant que l'on a ramené à la maison en pensant la déniaiser, mais c'est finalement elle qui nous repousse en nous même, à demi haletant et un peu hébété. You think you're a man / You are only a toy.

J'ai passé la semaine avant le concert à dire à tout ceux que je croisais que j'allais voir les Vaselines pour voir le fantôme de Kurt Cobain apparaitre sur scène. Ce soir là, il m'est apparu, mais il ne portait pas de barbe sous ses cheveux blonds.


PS : En cherchant une vidéo des Vaselines au Mo'Fo 2011, j'ai trouvé la version originale du You think you're a man de Divine. Malgré Divine, je ne sais toujours pas quelle est la version la plus subversive...


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